Théojob interroge aujourd'hui Jacques de Scorraille - Directeur et fondateur d'Ecclésia RH.

Théojob - Vous venez d'écrire à la demande des éditions ARTEGE un livre sur la foi et le travail, qu'est-ce qui vous a motivé à répondre favorablement à cette demande ?
Jacques - Comme beaucoup je suis à le recherche d'un plus grand bonheur au travail ! Cela fait plus de 50 ans que je recherche ce plus grand bonheur, d'abord en tant qu'élève, puis étudiant, puis professionnel. C'est donc une question importante de ma vie !
Le Christ est venu me sauver au cœur de mon travail alors que j'avais 24 ans et j'observe qu'inlassablement il continue d'agir dans ma vie. Vivre avec le Christ au travail, c’est ma vie, c’est mon métier !
Théojob - Pourquoi est-il important de s’intéresser à la question du travail ?
Jacques - Le travail est un ami méconnu de l’homme. Malheureusement il est souvent déconsidéré ou réduit à la célèbre phrase « tu travailleras à la sueur de ton front ». Redécouvrir la joie d’un travail épanouissant, voire enthousiasmant, découvrir la joie de participer à une belle œuvre collective n’est-il pas un véritable enjeu pour toute personne dans la vie active ? Beaucoup compartimentent leur travail et leur vie de foi alors que l’un et l’autre se nourrissent mutuellement. Découvrir que le Christ est aussi une Bonne Nouvelle pour mon travail peut-être une vraie révolution pour mon quotidien !
Théojob - Comment parler du travail aujourd’hui alors qu’il s’agit pour beaucoup d’une contrainte ?
Jacques - Il faut aborder le travail sous un angle positif et léger, donner envie d’en découvrir la richesse profonde ! Aussi les maîtres-mots qui sous-tendent ce livre sont : facile à lire et instructif. Il cherche à nourrir le lecteur à différents niveaux afin qu’il sorte grandi de cette lecture. La vingtaine de chapitres couvre les situations les plus courantes d’une vie professionnelle, de son début à son apogée, mais aussi … son déclin. Pour chacune de ces situations une histoire vraie nous plonge dans l’univers professionnel. De là nous cherchons à comprendre et identifier ce qu’il est possible de faire pour progresser par rapport à la thématique traitée. En effet, être chrétien commence par être un bon professionnel ! Ensuite nous explorons en quoi la foi est un plus pour cette situation de travail. Cette exploration aborde trois plans complémentaires : la Doctrine Sociale de l’Eglise, le Catéchisme de l’Eglise Catholique, et enfin la dimension spirituelle. Chacun en fonction de son étape de vie trouvera une nourriture adaptée à sa situation et sera surpris de découvrir que la foi concerne l’essentiel des situations de travail !
Théojob - Est-ce que la foi doit s’arrêter à la porte du bureau ?
Jacques - L’Esprit-Saint souffle là où il veut ! Pourquoi s’arrêterait-il à la porte des entreprises ? Peut-on laisser à la maison les marques de son Baptême ou de sa Confirmation comme on laisserait sa veste chez soi ? Qu’on le veuille ou non le Seigneur est tout Puissant, il s’intéresse à la totalité de notre vie, alors pourquoi le chasser de ce qui constitue près de la moitié de notre temps sur terre ? Pourquoi se priver de sa puissance dans notre travail ? Si notre capacité à éteindre l’Esprit est assez considérable, notre capacité à le réveiller est tout aussi grande. C’est une question de choix personnel. Souhaitons-nous le meilleur pour notre vie ?
Théojob - Quels sont les principaux obstacles à la vie chrétienne que l’on peut rencontrer au travail ? dans quels écueils peut-on tomber ?
Jacques - Les deux écueils les plus actuels sont probablement l’ignorance et l’indifférence ; le premier écueil conduisant au second ! Or pour combler une ignorance, il faut non seulement en avoir conscience mais en avoir envie. L’enjeu est donc de montrer ce que l’on peut gagner à enrichir ses connaissances pour devenir plus intelligent sur la façon dont Dieu peut agir dans notre vie.
Théojob - Existe-t-il une façon chrétienne de vivre les épreuves du travail (licenciement, chômage) ?
Jacques - Oui sans aucun doute. Le chrétien disciple du Christ est appelé à se mettre à l’école de son maître qui a offert sa souffrance pour le Salut du monde. Le chrétien qui souffre dans son travail peut imiter le Christ en donnant un sens à cette souffrance afin qu’elle ne soit pas veine. Par exemple l’offrir pour la conversion d’un collègue ou de son patron. Toutefois, sauf cas très particulier, le commun des mortels n’est pas appelé à aller jusqu’au martyr dans son travail.
Théojob - Peut-on toujours se sentir épanoui au travail y compris dans des emplois aux tâches éprouvantes ou qui semblent n’avoir pas beaucoup de sens ?
Jacques - Si le sens que nous donnons à notre travail
dépend de notre propre regard sur notre activité, il dépend aussi des conditions créées par notre employeur pour rendre ce travail viable. Que ce soit le travailleur ou son employeur l’un et l’autre ont à converger pour renforcer la dignité du travail confié par l’un et accompli par l’autre. Si l'on est durablement affecté par des questions relatives au travail, c'est qu'il est peut-être le moment de faire un bilan professionnel chrétien afin de repréciser son projet de vie.
Théojob - Auriez-vous une parole d’encouragement pour nos lecteurs ?
Jacques - La meilleure parole est celle de Dieu ! Ecoutons-le ...
« Fais confiance au Seigneur, agis bien, habite la terre et reste fidèle ;
mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur.
Dirige ton chemin vers le Seigneur, fais-lui confiance, et lui, il agira. » [1]
[1] Psaume 36, 3 - 5
Comments